« Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville / Quelle est cette langueur qui pénètre mon cœur?» Tel pourrait être le prologue de l'oeuvre de Victor Maxence, à la différence près que cet amoureux de la résonance ne verse pas dans le lacrymal. Il pourrait bien vous décocher une larme à l'écoute d'une de ses sonates. L'émotion tonne sur son clavier, mais si la nostalgie est une héroïne inspiratrice, elle n'est pas le moteur de cet homme à l'arpège savoureux.
Comme cette figure emblématique bullée au vingtième siècle et puisée dans l'Antiquité, il est tombé dans une potion magique très tôt, et depuis, la liqueur musicale ne l'a jamais quitté. C'est à l'âge de six ans que Victor Maxence a effectué ses premières gammes, sur les touches blanches du piano de sa mère, professeur de musique, dans le vaste appartement de son grand-père. Il exerçait ses phalanges sur le clavier d'une maman exilée de son pays natal et dans la solitude d'un père parti au combat. Les croches et les rondes ont pris forme au cours de séances d'apprentissage avec une amie de sa mère qui professait les leçons; il assemblait les pièces des grands compositeurs qu'il reproduisait avec toute la tendresse de l'enfance.
Cette première rencontre avec la poésie s'est ensuite développée à l'écart de la cellule familiale. Victor Maxence habitait alors un pensionnat parisien dans lequel il recevait un enseignement strict. Entre discipline du corps et discipline de l'esprit, l'univers de ses douze ans s'est construit dans la forteresse et dans la douceur d'une âme rêveuse. Il rentre une fois par mois dans l'appartement de ses parents avant de reprendre le chemin de l'école où il poursuit les rudiments d'une formation solide. Fasciné par sa découverte du Portrait de Dorian Gray, le rêveur devient esthète. Il lit le règne du beau et de la supercherie, déambule avec Dorian dans les couloirs de l'éphémère et décide de descendre dans son âme pour déjouer les pièges d'une plastique sans profondeur. Les sons prennent désormais forme en images. Il commence à penser la musique en films. Il joue sur le piano de son école et s'alimente des bavardages d'Ingmar Bergam, des labyrinthes de Polanski et de la photographie de Ridley Scott.
Victor Maxence est doué pour la reproduction des harmonies ; il accorde les notes des compositeurs avec la dextérité des hommes de passion. Au cours d'une soirée étudiante, il entame une nocturne de Chopin et lorsqu'il lève les yeux, le groupe de spectateurs initialement composé de cinq amis s'est étendu à une trentaine de personnes qui l'écoutent attentivement. Une jeune fille se distingue de l'assemblée ; Victor Maxence tombe sous le charme de la demoiselle et compose son premier morceau sous la pupille brillante de celle qui deviendra sa première muse. De ballades en sonates, il constitue son premier répertoire inspiré par une jeune héroïne qui marque le début d'une longue lignée de création amoureuse.
La famille de Victor quitte le bel appartement parisien qu'elle occupait et prend ses nouveaux quartiers dans une banlieue populaire. Le jeune homme, habitué aux larges trottoirs entretenus des nobles arrondissements parisiens, se confronte à la pauvreté. De cette expérience douloureuse naît une vive volonté de performance pour offrir à son foyer l'assurance d'un toit confortable. Il créée sa première entreprise qui devient un modèle de réussite, puis une seconde, puis une troisième. Le pacte qu'il s'était fixé avec lui-même est honoré. De confession bouddhiste, c'est un homme solidaire à vocation mécénale. Il investit dans l'avenir en aidant de jeunes talents à élaborer leur vœu le plus cher.
Parallèlement à ses activités professionnelles, il continue à composer dans l'intimité de ses rencontres, se penche sur des accords audacieux, cherche, creuse, retourne, approfondit.
Il nous offre aujourd'hui un deuxième album tout en rondeur. Explorant à la fois des ambiances jazzy et solitaires, son romantisme embrasse nostalgie, flânerie et incandescence. Tel un fils de Neptune, il plonge dans les fonds acidulés de corail et de sirène pour nous conter de douces rêveries.
victormaxence’s tracks
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