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LÀ-BAS SI J’Y SUIS
Tristan Jordis & Seynabou Sonko
Rencontre modérée par Thierry Guichard
Dans "Djinns", Seynabou Sonko donne un roman de formation autour d’une héroïne d’aujourd’hui, prénommée Penda, dont le destin s’écrit entre deux lieux– la France et le Sénégal – mais aussi entre traditions familiales et injonctions sociales, initiation au métier de guérisseuse (par sa grand-mère) et petit boulot alimentaire, croyance personnelle et cultes collectifs. Un va-et-vient entre deux espaces que l’on retrouve avec l’alter ego romanesque de Tristan Jordis qui, dans Le Pays des ombres, se rend au Sénégal pour tenter de démêler l’histoire tragique de son ami Mansour, incarcéré à Paris et persuadé d’être la victime d’un féticheur. Deux romans qui interrogent le rapport aux croyances, mais aussi la réalité de ceux qui vivent entre deux paysages, entre deux lieux, entre deux cultures.
Un endroit où vivre, un thème inspiré de l’ouvrage incontournable de Georges Perec, Espèces d’espaces, dans lequel on trouve notamment cette phrase magnifique : « Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant le plus possible de ne pas se cogner ».
Tous les espaces – réels et symboliques – explorés par les écrivains, les artistes et les intellectuels invités au festival cette année posent irrémédiablement la question de notre place dans le monde : celle où l’on naît, celle à laquelle nous sommes assignés, celle que l’on tente de conquérir, celle que l’on gagne – et celle que l’on perd. La quête d’un endroit où vivre passe bien sûr par la dimension géographique et écologique, le lien à la planète, à l’habitabilité du monde de demain. Mais elle relève aussi d’une interrogation plus intime, dans le rapport des individus à la famille, à la société, à l’histoire, à la langue, à l’époque. Elle interroge les exils, les déplacements, les émancipations, les appartenances, les identités multiples et les nouveaux espaces virtuels, autant qu’une dimension plus philosophique – le bonheur, les utopies, les croyances, la mémoire, la liberté… Avec une cinquantaine d’invités – romanciers, poètes, illustrateurs, musiciens, philosophes, historiens, comédiens… – la FDLB vous propose d’explorer ce thème aux mille facettes, avec l’idée que la littérature et la création artistique en général constituent par leur nature même un ultime refuge, un endroit où vivre.